Madagascar, c’est d’abord, pour la plupart d’entre nous, l’histoire d’Alex, Marty et Melman. Dans le film d’animation culte de 2005, des animaux de zoo new-yorkais découvrent pour la première fois la nature sauvage de cet État insulaire tropical loin, très loin de chez eux. Une nature à couper le souffle, des créatures exotiques et une foule d’aventures se produisent sur ce merveilleux « huitième continent », comme on appelle aussi Madagascar en raison de son microclimat.
La réalité n’est étonnamment pas si différente. Juste un peu plus cruelle. Cela vaut surtout pour l’un des plus grands secteurs économiques de cette île de l’océan Indien : la production de vanille.
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Pourquoi Madagascar ?
Les fleurs de vanille sont indispensables au processus de pollinisation manuelle. Avec ses paysages à couper le souffle et son climat tropical, Madagascar est considéré dans le monde entier comme le paradis de la vanille.
C’est grâce au climat local que Madagascar est sans aucun doute le pays le plus connu pour sa vanille. Les producteurs de vanille ont fait l’expérience directe des dysfonctionnements effrayants et presque anachroniques de l’économie de la vanille. Aussi pour répondre à la question où acheter la vanille de Madagascar, la réponse est à Madagascar. D’ailleurs, vous n’êtes pas obligé de vous rendre directement au pays dans la mesure ou de nombreux site e-commerce proposent de la vanille bourbon de qualité.
L’esclave génial
Tout d’abord, c’est à Madagascar que pousse la vanille dite « d’épices ». On la connaît aussi sous le nom de vanille véritable ou de vanille Bourbon. L’île de Bourbon, du nom de la maison royale française Bourbon, située à quelques kilomètres au sud-ouest de Madagascar, s’appelle depuis le milieu du XIXe siècle l’île de la Réunion, mais la fière petite plante a gardé son nom.
Cela est dû en grande partie à l’exploit d’un esclave de douze ans qui, en 1841, a provoqué une révolution dans le domaine de l’agronomie. C’est en effet grâce à Edmond Albius que la vanille a pu être cultivée en dehors de son pays d’origine, le Mexique. Pour simplifier, on peut dire que le Mexique d’aujourd’hui a bénéficié d’un monopole naturel de la vanille qui a duré des siècles, car seule une espèce indigène d’abeilles et de colibris pouvait polliniser la plante de vanille.
Sans elle, la culture à grande échelle s’avérait impossible dans d’autres régions. Albius inventa à La Réunion une nouvelle méthode de pollinisation nécessaire en soulevant, à l’aide d’un bâton fin ou d’un brin d’herbe solide, la valve située entre l’étamine et le stigmate, avant de faire passer le pollen de l’étamine sur le stigmate avec le pouce. Grâce à la dextérité révolutionnaire d’Albius, les Mexicains voyaient littéralement à travers les doigts, tandis qu’à La Réunion et finalement à Madagascar, la production de vanille atteignait plusieurs tonnes en quelques années.
Plus de voleurs que de paysans
Une gousse de vanille n’est pas forcément une gousse de vanille. La vanille d’Ouganda, par exemple, est moins intense et a une teneur en vanille plus faible. On peut le mesurer avec précision et s’en servir pour calculer le prix au kilo. La vanille malgache coûtait déjà jusqu’à 700 euros, aujourd’hui le prix au kilo est d’environ 400 euros. La vanille est ainsi l’épice la plus chère au monde après le safran.
Le fait que Madagascar dispose, en raison de son terroir, de la vanille la plus riche et la plus intense, et qu’il s’agisse en même temps d’un pays relativement pauvre, a pour conséquence que des combats sanglants se déroulent pour cette précieuse matière première. En règle générale, plus le temps est dévastateur pour les récoltes, plus les événements dans les champs sont sanglants. À tel point qu’il y a parfois plus de voleurs de vanille que de cultivateurs de vanille à Madagascar. Il n’existe pas de chiffres officiels sur le nombre de morts de la vanille, parmi lesquels figurent d’ailleurs des paysans abattus par des voleurs.